L'HUILE DE PALME EN ASIE DU SUD-EST

LA PRODUCTION D'HUILE DE PALME EN ASIE

L'huile de palme est une huile végétale extraite par pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile. L'huile de palme est un ingrédient essentiel de la cuisine africaine et se retrouve dans les plats sud américains ou asiatiques. De plus, elle est massivement employée dans la fabrication des aliments industriels dont les consommateurs occidentaux raffolent. Ainsi, on la retrouve dans la moitié des produits proposés à la vente dans les supermarchés : biscuits, margarines, sauces, mayonnaises, pâtes à tartiner, chocolat, huiles alimentaires, viennoiseries, glaces, etc... Mais aussi dans les cosmétiques. Enfin, l'huile de palme est de plus en plus utilisée pour la fabrication d'agrocarburants (anciennement biocarburants). L'huile de palme est aujourd'hui l'huile la plus consommée dans le monde (25 %), dépassant de peu l'huile de soja (24 %) et de loin celles de colza (12 %) et de tournesol (7 %).
Cette huile provient en majorité d'Asie du Sud-Est où la superficie consacrée à la culture des palmiers à huile en Malaisie et en Indonésie s'élève à 6 millions d'hectares.
LA PRODUCTION D'HUILE DE PALME EN THAÏLANDE
Les chiffres récents concernant le sud de la Thaïlande ne sont pas aussi catastrophiques, mais on compte plus de 1600 hectares cultivés dans les provinces de Krabi, Ranong, Phuket Phang Nga, Satun et Trang. Dans toutes ces zones, le paysage a considérablement changé et l'on peut craindre un essor considérable de ces cultures dans les prochaines années puisque les responsables et politiques n'hésitent pas à mentir aux populations locales sur les réels effets dévastateurs de ce genre de culture.
Un récent article du "Phuket Gazette" témoigne des effets majeurs polluants: Les lagunes puantes derrière le moulin à huile de palme près de Krabi constituent une menace majeure pour le climat. Ils libèrent du méthane, un gaz à effet de serre hautement toxique qui pollue l'air et les déchets en décomposition du fruit du palmier contaminent les nappes phréatiques.
"L'exploitation de l'huile de palme entraîne aussi une catastrophique destruction des sols par appauvrissement du substrat. Elle biffe irréversiblement tout un cortège botanique et zoologique très précieux du biopatrimoine, il génocide notre proche parent l'orang-outan (5 000 de ces magnifiques Grands singes en sont chaque année victimes) et il ruine la vie de peuples premiers vivant en symbiose avec les territoires spoliés de ces forêts primaires, tels le peuple Penan de Sarawak, partie Malaisienne du cœur de Bornéo." martèle Michel Tarrier, naturaliste français.
Constatant l'intérêt nul et les efforts quasi-inexistants du peuple thaï et de son gouvernement accordés à l'écologie, vu les avantages économiques et les hauts rendements de l'exploitation du palmier à huile, on peut redouter, dans un futur proche, un développement massif et destructeur des plantations dans la région sud de la Thaïlande.


UN DÉSASTRE ÉCOLOGIQUE

Si l'huile de palme présente des avantages économiques indéniables : hauts rendements, faible coût de revient... Son exploitation massive est catastrophique pour l'environnement : déforestations massive, destruction de la biodiversité, appauvrissement des sols, pollutions et contribution au réchauffement climatique...
Selon un rapport publié en 2007, les plantations d'huile de palme sont dorénavant les principales causes de la déforestation des forêts pluviales en Malaisie et Indonésie.
De plus, les Amis de la Terre (Pays-Bas et Indonésie) ont publié un nouveau rapport en septembre 2009 sur l'expansion massive de la monoculture d'huile de palme en Indonésie, générée notamment par les importations croissantes d'agrocarburants des pays européens. Le rapport met en évidence déforestation, opérations illégales et conflits sociaux, malgré des approches volontaires de certification qui révèlent leur inefficacité. Christian Berdot, référent Agrocarburants aux Amis de la Terre France, explique : " La demande européenne croissante d'huile de palme est directement responsable de la déforestation et des conflits sociaux en Indonésie. Si cela continue, la forêt de Bornéo sera détruite ainsi que sa biodiversité exceptionnelle, avec des émissions colossales de gaz à effet de serre, et en ruinant les chances de sortir de la pauvreté des populations locales ".
LE RAPPORT DES AMIS DE LA TERRE

Le rapport des Amis de la Terre souligne notamment que dans les trois dernières années, le gouvernement du Ketapang a concédé des permis pour des plantations d'huile de palme sur 40% de la surface du district, en violation des lois pour protéger les forêts, l'environnement et les populations locales. 39 des 54 permis sont situés sur 400 000 hectares de forêts protégées, incluant un parc national où vivent des orangs-outangs, menacés d'extinction. Au total, les permis couvrent 1,4 million d'ha au Ketapang...
Ce qui pose problème pour l'ONG, c'est le fait que ces violations légales proviennent également (pour 43 %) de compagnies membres de la « La Table ronde pour la production durable d'huile de palme » (Roundtable for Sustainable Palm Oil - RSPO) pourtant fondée par l'organisation de protection de la nature WWF.
Ainsi, officiellement une partie de l'huile de palme est certifiée pour rassurer le consommateur et préserver les forêts mais en pratique, il n'en est rien ou si peu selon le rapport des Amis de la Terre. L'huile de palme appauvrit les communautés rurales et les peuples indigènes. Les Penan vivent au Sarawak, dans la partie malaisienne de l'île de Bornéo. Ils luttent pour empêcher la destruction des forêts dont ils dépendent et qui sont abattues pour faire place aux plantations de huile.
Selon Survival International, une annonce publicitaire pour l'huile de palme malaisienne a été récemment censurée au Royaume-Uni, portant un coup dur à la crédibilité de l'industrie malaisienne. Le bureau britannique de vérification de la publicité, Advertising Standards, a interdit l'encart publicitaire placé par le Comité malaisien de l'industrie d'huile de palme. La publicité prétendait que l'huile de palme malaisienne était "durable" et contribuait à la "réduction de la pauvreté, en particulier parmi les populations rurales". Or, le bureau de vérification publicitaire a estimé que cette affirmation ainsi que d'autres relevées dans la publicité, étaient mensongères et ne pouvaient être justifiées. Des membres de la tribu penan qui ont déjà perdu une grande partie de leur terre au profit des plantations de palmiers à huile ont alors déclaré : "Notre peuple se réjouit de la censure sur la publicité du Comité malaisien de l'industrie d'huile de palme. Comment prétendre que l'huile de palme réduit la pauvreté alors que depuis le commencement les plantations de palmiers à huile ont détruit nos moyens de subsistance et nous ont davantage appauvris ? Beaucoup d'entre nous sont tous les jours affamés par la destruction de notre forêt."
Le gouvernement de l'Etat du Sarawak ne reconnaît pas les droits territoriaux des Penan, selon Survival International. Il soutient les exploitants forestiers et les compagnies de plantation de palmiers à huile qui détruisent les forêts dont dépendent les peuples indigènes pour leur survie. À ce titre, ils ont été invités à quitter leurs terres et à se sédentariser, sous la violence si nécessaire comme en témoigne un rapport publié en septembre par le gouvernement malaisien qui confirme que plusieurs femmes et jeunes filles penan avaient été victimes de violence sexuelles par les employés des compagnies d'exploitation forestière du Sarawak...
La Table ronde pour la production durable d'huile de palme a été fondée par le WWF, des producteurs et des utilisateurs : "l'huile de palme produite selon les critères élaborés par la RSPO ne peut en aucun cas causer la destruction de forêts naturelles précieuses. Les négociations à propos des terres avec les propriétaires d'origine doivent se faire de façon honnête. Les travailleurs doivent également gagner un salaire correct et le travail des enfants doit être interdit. L'huile de palme qui répond à l'ensemble de ces critères est certifiée par la RSPO" précise le WWF. Pour juger de l'engagement des industriels et des supermarchés pour une huile de palme "plus respectueuse de l'environnement", le WWF a initié fin octobre 2009 la première Palm Oil Buyers' Scorecard : un classement qui compare la durabilité de la politique d'achat de quelques grands utilisateurs européens d'huile de palme. Les résultats sont médiocres : seul 19% de l'huile de palme certifiée disponible est achetée. Alors qu'une offre en huile de palme existe et est disponible, seulement 10 des 59 entreprises évaluées tiennent leurs engagements à acheter et à utiliser de l'huile de palme durable (CSPO).
10 entreprises françaises apparaissent dans ce classement mais seules 2 entreprises françaises (The Body Shop et L'Oréal) utilisent aujourd'hui de la CSPO.
Les entreprises françaises qui n'ont aucun engagement en la matière et qui obtiennent donc les plus mauvais scores sont : Auchan, Brioche Pasquier, Géant Casino, Intermarché et Magasin U.
WWF juge cette situation "d'autant plus préoccupante qu'un premier classement avait été édité en 2008 et que 11 000 signatures demandant un engagement contre la déforestation liée au soja et à l'huile de palme avait été alors récoltées. Les entreprises ne peuvent donc pas dire qu'elles ne savaient pas et que l'opinion publique française n'est pas au fait de cette question. "Une seule solution : cesser l'importation et la consommation d'huile de palme.
Pourtant, 11 000 signatures c'est peu et une grande partie des consommateurs ignorent sans doute le drame environnemental qui se joue en Asie du Sud-Est en achetant des cochonneries alimentaires et en se barbouillant les lèvres. Quand bien même la certification du WWF serait crédible - nous pouvons en douter vu le rapport des Amis de la Terre - il est urgent de mettre tout simplement un terme à l'importation et à la consommation d'huile de palme dans les pays industrialisés.
La Banque mondiale vient même d'annoncer un moratoire sur ses financements à l'huile de palme, après la publication d'un rapport d'évaluation interne dévastateur sur les conséquences sociales et environnementales des plantations financées.
De notre côté, nous pouvons déjà cibler nos achats en vérifiant que l'huile de palme ne rentre pas dans la composition des produits que nous achetons et en se passant des produits alimentaires susceptibles d'en contenir, par ailleurs bien souvent déconseillés pour la santé.
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