TOUTES LES INTERVIEWS

Une page devenue obsolète depuis la prolifération des interviews sur youtube. Nos amis influenceurs s'efforcent de respecter les exigences de l'algorithme et interrogent n'importe quel clampin sous prétexte de publier au moins une fois par semaine. Cette tendance ne nous encourage pas à développer notre rubrique.

Pourtant, nous nous efforcions de dénicher des personnages qui avaient quelque chose d'intéressant à dire ou à partager. Voici les principaux entretiens réalisés depuis la création du guide de Phuket, rawai.fr. Sont interviewés, le guide français de Siam Evasion : Thierry Costes, l'expatrié breton : Paul Pinson, retraité à Phuket depuis 10 ans, l'ancien militaire américain engagé à Korat en 1966 : John "Fes" Cannady, la directrice française de Latitudes Magazine : Caroline Laleta Ballini, le fondateur de Gope Editions : David Magliocco, et votre serviteur : Christophe Entem, interrogé par Paul Pinson.
Interview du romancier Thierry Costes sur rawai.fr
Publié par Rawai.fr - Mis à jour le 09/09/2021

THIERRY COSTES

THIERRY COSTES PHUKET

Thierry Costes créateur de Siam Evasion. Excursions et circuits en baie de Phang Nga, à Phuket.

L'INTERVIEW DE THIERRY

CAROLINE LALETA BALLINI

CAROLINE LALETA BALLINI

Caroline Laleta Ballini, ex-rédactrice de Paris Phuket et directrice de Latitudes.

VOIR L'INTERVIEW DE CARO

DAVID MAGLIOCCO

DAVID MAGLIOCCO

David Magliocco, créateur de Gope éditions. Label spécialisé sur l'Asie du Sud-Est.

VOIR L'INTERVIEW DE DAVID

PAUL PINSON

PAUL PINSON INTERVIEW

Paul Pinson, expatrié à Phuket et collaborateur au courrier des lecteurs de  Rawai.fr.

VOIR L'INTERVIEW DE PAUL

JOHN CANNADY

JOHN CANNADY

John Cannady, militaire à Korat en 1966. Préparateur d'armes et photographe amateur.

VOIR L'INTERVIEW DE JOHN

CHRISTOPHE ENTEM

CHRISTOPHE ENTEM

Christophe Entem, créateur et webmaster de Rawai.fr, le guide francophone de Phuket.

VOIR L'INTERVIEW DE TETEN


ENTRETIEN AVEC THIERRY COSTES DE SIAM EVASION

THIERRY COSTES SIAM EVASION
Originaire de la région toulousaine, Thierry Costes a fondé sa compagnie Siam evasion en 2004. Il propose des circuits accompagnés dans la région de Phuket. Thierry nous détaille son parcours et nous fait partager son expérience au cours de cette entrevue.

LE ROMAN DE THIERRY COSTES :

THIERRY COSTES AUTEUR ECRIVAIN
Le manager de Siam Evasion n'est pas seulement un spécialiste de la Thaïlande. Ceux qui connaissent l'éloquence de Thierry savent qu'il excelle également dans l'art de l'écriture. Son roman "Moi, je suis né cigale' est enfin disponible.

"Finis les maux de tête, les galères, les pleurs, la misère… pour commander maintenant MOI, JE SUIS NÉ CIGALE. Sachez que mon roman est désormais disponible aussi sur AMAZON.FR depuis aujourd'hui vendredi 21 juillet, il était temps. À vos lectures Messieurs et Dames, le beaujolais nouveau version littéraire est arrivé !"



 L'INTERVIEW

Pas moyen d'obtenir de rendez-vous avec Thierry, avant 19h00... En haute saison, ses journées sont interminables, debout à l'aube pour éviter les embouteillages et prendre en charge ses clients à l'hôtel, puis découvrir toute la journée les plus beaux sites de la région... Quelle que soit l'heure de la journée, les neurones de ce personnage hyperactif sont en perpétuelle effervescence ! La soirée promet quelques débats animés autour d'une bonne bouteille puisque le responsable fondateur de Siam Evasion, m'invite au restaurant français "La Cabane", pour cette interview. J'ai déjà quelques Pastis dans le nez quand Sa Majesté décide de m'honorer de sa présence... En fin de repas, enfin rassasié et légèrement ivre, il m'autorise à sortir mon dictaphone.

-Rawai.fr : Quand et comment vous est venu ce projet de créer cette entreprise de visites guidées dans la région de Phuket, et quelles ont été vos principales motivations ?

-Thierry : J’ai créé Siam Evasion quatre jours avant le tsunami en 2004 mais je n’ai pu conclure, tsunami oblige. J’ai donc finaliser la création de Siam Evasion un an et demi plus tard lorsque les touristes sont revenus sur Phuket.
En fait, ma fille Nina est née en 2004 et je me devais de trouver un business pour générer quelques revenus et ainsi nourrir les miens.
Je trouvais le monde des excursions pathétique sur Phuket alors que c’est la première place balnéaire d’Asie. Seule l’industrie du tourisme est reine sur cette ile et les guides n’ont aucune formation digne de ce nom pour en apprendre vraiment sur ce pays à leurs clients. Il était tant que cela change. C’est pourquoi j’ai crée Siam Evasion afin de donner enfin un service de qualité.
Douze ans après, j’ai l’impression d’être encore le seul à œuvrer à contre-courant de l’industrie de masse et offrir à mes clients les plus beaux sites tout en leur donnant la clé pour comprendre cette singulière culture thaïe. En une seule journée lors d’une excursion avec Siam Evasion, ils en savent davantage sur ce peuple et ce royaume que bien des expatriés qui vivent ici depuis pourtant longtemps, sans plaisanter.

-Rawai.fr : Depuis combien de temps êtes-vous installé à Phuket ?

-Thierry : Je suis venu à Phuket il y a presque vingt ans déjà. Je suis tombé amoureux de ce pays. Puis, j’ai rencontré une fille issue d’une famille séculaire de Phuket avec qui j’ai composé un triangle œdipien, la mère de ma fille. Une histoire banale en somme. Sauf que je n’avais jamais vu de toute ma vie une fille aussi jolie et plus encore, même si les filles sont jolies partout en ce monde.

-Rawai.fr : Pourquoi avoir choisi la Thaïlande et plus précisément l'île de Phuket ?

-Thierry : Je suis venu ici, à Phuket, pour faire des recherches historiques pour écrire un livre sur les deux ambassades envoyées par Louis XIV au Royaume de Siam fin XVIIème siècle mais je n’ai jamais publié le livre.

-Rawai.fr : Quelle fûrent les difficultés majeures rencontrées, pour monter cette compagnie ?

-Thierry : Les difficultés furent multiples et cela nécessite un coût. N’oubliez pas que je suis un littéraire et que thésauriser n’est pas ma faculté première. De plus, il ne suffit pas de créer une société d’excursion pour avoir des clients, c’est toute la difficulté d’une telle aventure.

-Rawai.fr : Combien de temps avez-vous bouffé de la vache enragée avant de connaître ce succès ?

-Thierry : Malgré tout, j’ai eu la chance que le Club Med signe un contrat dès les débuts avec Siam Evasion. Grace à ce contrat, j’ai pu immédiatement bosser. Puis d’autres hôtels m’ont contacté tels The Slate, Novotel et j’en passe. J’ai donc pu avoir de nombreux clients sans attendre et ce fut un succès. A croire que ce nouveau concept d’excursion séduisait tout ce monde.

-Rawai.fr : Sur votre site et sur les réseaux sociaux, vous vantez les qualités uniques et originales de vos circuits, expliquez-nous ce qui différencie vos excursions de celles des autres tour operators.

-Thierry : Non seulement lors d’une excursion, nous nous devons de montrer les plus beaux sites et panoramas à nos clients. Il nous faut aussi les contenter quant à leur curiosité légitime de ce pays visité. Les touristes sont avides d’en connaître davantage sur la Thaïlande et je les comprends aisément.
C’est notre challenge à Siam Evasion, les satisfaire au-delà de leurs espérances. Je m’y emploie au quotidien depuis toujours avec les guides thaïs qui nous accompagnent et que je forme en chemin au vrai métier de guide.
Je suis content de voir revenir mes clients du jour avec toutes les clés pour leur faire apprécier ce pays que j’aime tant. Sans arrogance aucune, ils reviennent émerveillés et c’est tant mieux.

-Rawai.fr : Quels sont selon vous, les sites incontournables que les voyageurs se doivent de visiter ?

-Thierry : Étrangement, les sociétés d’excursions sur Phuket ne choisissent pas toujours les plus beaux sites. Elles pensent trop au business et se retrouvent toutes sur les mêmes sites au même moment, l’heure la pire.
Peut-être passent-elles des contrats avec les commerçants sur place pour ainsi toucher des commissions sur les sommes dépensées par leurs clients ? Peut-être manquent-elles d’originalité dans leurs excursions sachant que le monde entier vient à Phuket et que les clients seront toujours plus nombreux ? Je ne saurais dire.
Quant aux sites incontournables, je resterai muet sur le sujet afin de ne point me faire copier. Il est hors de question que je livre ici tous mes secrets. Je préfère réserver à mes clients ce privilège.

-Rawai.fr : Pouvez-vous nous parler en avant première, de votre récente expérience avec la chaîne de télévision Arte ou préférez-vous rester discret ? On susurre également en coulisse, que vous auriez d'autres projets avec la chaîne ?

-Thierry : Je viens en effet de réaliser avec eux leur dernier reportage sur La Thaïlande à leur demande. Ce fut un réel plaisir de travailler avec Arte, cette chaîne ne se suffit aucunement de reportages moyens et leurs journalistes sont très pointus. Je n’en dis pas davantage, vous verrez tous ce documentaire dès le mois de juin prochain sur vos écrans.
La réalisatrice, Marisa Cattini, est une fille qui surfe sur l’élément culturel, elle ne se suffit pas d’informations lambda, elle assure grave. Le cameraman venu avec elle, un pro de chez pro, fait partie du panthéon dans le genre au vu de ses multiples documentaires réalisés, du très lourd !
Quant à la suite, il est trop tôt pour en parler. Néanmoins, il est possible qu’un nouveau documentaire se fasse ici bientôt mais je ne vous en dirai le thème. Un thème majeur, sachez-le, si jamais…

-Rawai.fr : Vous pouvez nous en dire davantage sur le thème du reportage ?

-Thierry : Oui, bien-sûr. En fait, le sujet du documentaire est sur Alex Garland, l’auteur de ce fameux roman « La plage (The Beach) » qui fut adapté au cinéma par Hollywood et qui connut le succès que l’on sait avec Di Caprio. 

L’équipe d’Arte revenait donc sur les pas de cet écrivain dans le sud thaïlandais. Alex Garland, issu d’une bonne famille de la middle-class anglaise, se destinait à être, tel son père, un dessinateur commentant l’actualité tel que Plantu le fait en France aujourd’hui pour ne vous donner qu’un exemple. Sauf que son voyage en Thaïlande, dès sa première année de fac, bouleversa ses plans. C’est ainsi qu’il se mit à rédiger ce roman et devint finalement écrivain. La Thaïlande est un pays tellement inouï que je peux comprendre ce changement soudain dans le cours de sa vie, il en fut de même pour moi dans mon existence mais dans une plus modeste mesure. 

Il eut la chance qu’Hollywood fut séduit par ce scénario, il vendit 200 000 exemplaires de son livre et toucha une somme considérable pour le film ce qui lui permit de continuer à écrire. Son second roman « Tesseract » fut également adapté au cinéma dans un film de Oxide Pang Chun. En 2004, il publia « Le Coma » dans un genre fantastique, un roman qui prend naissance aux Philippines, encore le sud-est asiatique. Bref, dès son premier voyage en Thaïlande, son existence fut bouleversée et sa vie fut toute autre que celle qu’il avait imaginée jusqu’alors. Faut croire que tout séjour dans ce royaume libère des énergies nouvelles. 

Avec Arte, à travers ce mini reportage, nous avons donc tenté de revenir sur son itinéraire et toucher quelque peu à l’essence de cette contrée insolite comme aucune autre. J’espère que nous aurons réussi ce challenge. L’émission du 5 juin à 16h30 sur cette chaîne nous l’apprendra mais je n’en doute pas malgré le peu de temps que nous avons passé sur ce sujet. 

Lors de ce reportage, je les emmène sur un site inconnu et pourtant majeur, un ermitage bouddhique ancien oublié depuis un siècle déjà entre jungle et concrétions calcaires, un site étonnant que j’ai découvert il y a trois ans, un musée encore vivant composé de multiples statues d’argile à couper le souffle, un univers insolite représentant l’enfer dans l’école indienne du bouddhisme dont la Thaïlande est le pays-phare. Vous verrez, ce site est ô combien saisissant, on prend une claque lors de cette visite, on reste muet devant ce spectacle dantesque. Un must !... Je pense que l’équipe d’Arte a été impressionnée durant cet épisode, comment ne pas l’être ? Du très lourd, croyez-moi, je pèse mes mots. 

Toujours est-il que ce fut sympa de faire ce documentaire. Nous avons beaucoup ri ensemble tout en échangeant des propos culturellement majeurs qui n’apparaîtront vraisemblablement pas dans le reportage. 

Évidemment, nous avons fini notre rencontre sur une note épicurienne, nous nous sommes quittés sur un dîner bien arrosé au Blue Elephant à Phuket-Ville juste après nos pérégrinations hautes en couleur de la journée afin de clôturer ce documentaire sur un océan de dièses. 

Nous restons en contact depuis et – qui sait ? – peut-être de nouvelles aventures naîtront ensemble lors d’un prochain reportage, il y a tant à dire encore sur cette Thaïlande où je vis aujourd’hui depuis si longtemps et que j’aime tant.

-Rawai.fr : De nombreux jeunes occidentaux pensent qu'il est simple de s'installer et monter sa propre boîte en Thaïlande... Est-ce vrai ? Et si oui, quels seraient vos conseils pour réussir un business ici ?

-Thierry : À dire vrai, je pense que c’est tout sauf facile de créer un business à Phuket aujourd’hui comme hier. Le monde entier est sur le créneau et les places sont chères. A moins d’avoir une idée géante. Ceci dit, j’ai appris en chemin que rien n’est impossible.

-Rawai.fr : Quelle est votre plage préférée à Phuket ?

-Thierry : Quand je suis arrivé ici, ma plage préférée était Nai Harn Beach, un rêve. Mais très franchement, je n’y vais plus depuis des années, c’est obsolète. Un monde fou la fréquente désormais. S’il me fallait faire un choix, j’élirais Hat Sai Kaew, la plage aux tortues-luth dans les confins nord de l’ile de Phuket. Elle est ignorée de tous, le seul rivage oublié, un espace immense s’offre au promeneur amoureux de la Mer Andaman. Oui, c’est cette plage que j’aime entre toutes sur Phuket aujourd’hui.

-Rawai.fr : Quelle est votre île favorite dans la région ?

-Thierry : Je ne saurais répondre tellement les îles autour de Phuket sont envahies par l’industrie de masse. Des milliers de speed boat quittent Phuket au quotidien et emmènent le monde entier à la découverte des îles. Je crois bien que les seuls sites majeurs sont continentaux dans le sud thaïlandais qui recèle encore de lieux non-visités à couper le souffle sans touriste aucun pour gâcher l’atmosphère. Le sud thaïlandais, version continentale, nous offre les plus beaux sites du royaume, soyez en certain.

-Rawai.fr : Quels sont vos bars préférés à Phuket ?

-Thierry : Je ne vais jamais dans aucun bar. Les potes viennent boire l’apéro chez moi sachant que je me lève tôt et m’endors tôt. Faut dire que, malgré le boulot, je reviens dans ma demeure avec un seul credo, continuer à écrire sur mon pupitre. Des crêtes mélancoliques m’envahissent dès le crépuscule et je n’ai que mon alchimie verbale pour exprimer mon spleen. Mes billets d’humeur sur votre site web en sont un modeste exemple.

-Rawai.fr : Quels sont vos restaurants favoris à Phuket ?

-Thierry : Par contre, j’adore les restaurants, j’y dilapide l’essentiel de mon budget et adore m’oublier des heures sous le firmament au bord du rivage. Je n’en citerai aucun, ils n’ont pas besoin de moi pour un élan publicitaire. Si je vous donne les noms, il est évident que demain une foule s’y pressera et je ne pourrai plus ainsi rêver peinard sur la table d’Épicure au chant des grillons. Je garde donc ces quelques adresses au secret.

-Rawai.fr :  Merci Thierry de nous avoir consacré un peu de votre temps, de nous avoir fait profiter de votre expérience.

-Thierry : Merci à vous de m'accueillir sur votre site !

Je vois bien que Thierry est insatiable, aussi je l'invite à venir boire à la maison, un Calvados 10 ans d'âge... 

ARTE REPORTAGE AU CHEVET DE SIAM EVASION !

Thierry costes à Phuket - Guide de voyage
-Rawai.fr : Thierry Costes, ce n'est pas la première fois que l'on vous voit sur Arte, vous êtes désormais un habitué de la chaîne. Ces prestations télévisuelles ont-elles un écho positif sur les activités de Siam Evasion ?

-Thierry : Ça fait trois fois déjà que je reçois Arte pour un reportage en Thaïlande et au Cambodge. J’aime bien cette télé, leur cahier de charges est bien différent de beaucoup d’autres antennes, ils sont plus pointus sur cette chaine et ne se suffisent de survoler le sujet qui les occupe. J’aime bien bosser avec eux, c’est toujours sympa de les rencontrer.

-Rawai.fr : En combien de temps a été tourné le reportage "Phuket, malade du tourisme" ?

-Thierry : En huit jours dans les provinces de Phuket et de Phang Nga, mais on avait déjà fait de multiples briefing en télétravail, le temps de leur quarantaine à Bangkok au saut de l’avion.

-Rawai.fr : Avez-vous accompagné l'équipe de journalistes durant tout leur séjour ?

-Thierry : Disons que je leur ai tout balisé ce temps-là afin qu’ils ne perdent du temps entre circonvolutions et mouvements incertains. La réalisatrice me disait, je la cite : « Thierry, tu nous as ouvert les portes de Phuket, un grand merci ! »
Je les ai immiscés dans l’intimité des Thaïs, on voit trois de mes anciens employés dans leur reportage qui viennent témoigner de cette nouvelle existence générée par la pandémie. Il n’y a que sur les deux restaurateurs où je n’interviens pas, je ne les connaissais pas.

-Rawai.fr : A quand remonte votre dernière excursion avec des clients ?

-Thierry : Wow ! C’est tellement loin que je ne m’en souviens à peine. Je dirai début mars 2020.

-Rawai.fr : Avez-vous songé à revenir en France durant cette dernière année ?

-Thierry : Oh putain, non ! Ce fut ma seule angoisse avant d’obtenir mon nouveau visa en décembre, tout mais pas ça. Non pas que j’exècre la France, ô combien non, je pense être un grand ambassadeur de la Culture française, ici, en Thaïlande, ceci dit sans arrogance. Mais il y a dix-neuf ans exactement que je n’ai mis les pieds dans l’hexagone, je serais un Martien débarquant là-bas après vingt ans de tropiques non-stop. Je ne connais plus personne en France. Le froid m’aurait tué d’entrée, bien avant le virus. Et puis où dormir sans thune, je suis un indigent désormais. Non, très franchement, arrivé à Paname, je me serais direct jeté dans la Seine du pont Mirabeau en gueulant : « Apollinaire, au secours ! »

-Rawai.fr : En France, les entreprises impactées par la crise sanitaire, bénéficient d'aides de l'état, qu'en est-t-il pour les entrepreneurs français expatriés en Thaïlande ?

-Thierry : Rien, zéro, pas même un Euro pour une société comme la mienne. Pire encore, il m’a fallu débourser des milliers d’euros de taxes en décembre pour obtenir mon visa dépendant de ma société d’excursions comme si j’avais bossé normalement en 2020, un cauchemar. J’ai tout vendu, bagnole et autres quitte à me retrouver à la rue, j’ai dû zapper tous mes loyers pour régler la note dans l’espoir que mon proprio n’oserait nous chasser, ma fille et moi. Pour l’instant, tout va bien en attendant la chute. J’ai au moins pu éviter un retour en France jusqu’à présent, c’est déjà pas si mal.

-Rawai.fr : Quels sont alors vos moyens de subsistance et comment honorez-vous vos dépenses fixes ?

-Thierry : C’est le nœud du problème, et pour tout dire c’est insoluble. Je n’ai donc aucune réponse. Ni aide ni mécène, je suis maudit. En vrai, j’évite de penser au futur proche, trop angoissant. Je ne suis pas très religieux mais j’aime bien cette phrase de la bible : « A chaque jour suffit sa peine. »

-Rawai.fr : Comme on peut le voir dans le reportage, beaucoup de Thaïlandais se sont reconvertis, n'envisagez pas vous même d'avoir une seconde activité ?

-Thierry : Aujourd’hui, tous les chômeurs ici se sont métamorphosés en vendeurs de rue, sauf qu’il y a désormais bien davantage de vendeurs que de clients, ce n’est donc pas facile. Moi, je suis un immigré, je ne suis pas Thaï, si j’osais m’installer sur un trottoir de Thaïlande, les flics viendraient et me mettraient direct au ballon.
Et je n’ai aucune science de trader et autres fous de computer pour me réinventer via l’informatique. Ma sphère est loin des écrans, je ne sais faire sans la pâte humaine, mon côté Latin peut-être.

-Rawai.fr : D'après l'annonce du gouverneur de Phuket, les touristes pourront revenir à Phuket en juillet, sans avoir à effectuer de quarantaine, croyez-vous en une reprise immédiate de l'activité économique sur l'île ?

-Thierry : J’y ai cru moi aussi, mais aujourd’hui je suis sceptique. Tout cela a été décidé juste avant cette vague soudaine de COVID qui déferle dans le royaume depuis deux semaines. C’est pourquoi je pense que ce n’est plus d’actualité. C’est mort.

-Rawai.fr : Après plus d'un an d'abstinence, les gens vont certainement vouloir partir sous les tropiques coûte que coûte, retrouver leur liberté et oublier cette période anxiogène, non ?

-Thierry : Je les comprends aisément. Et je serai aux anges de les accueillir à nouveau après cette galère immense. Mais j’ai un doute, ce putain de virus n’a pas fini de nous emmerder. Je ne veux pas paraître pessimiste, je n’arrive plus trop à y croire désormais, nous sommes loin d’être tirés d’affaire me semble-t-il tellement de nouvelles péripéties surviennent. Qui vivra verra.

-Rawai.fr : Estimez-vous que le programme "Sandbox" proposé par le ministère, est crédible et pourrait réellement participer à une reprise ? Le projet "bulles de voyage" de l'automne dernier n'avait lui, pas abouti.

-Thierry : Il semblerait qu’aujourd’hui, seule une vaccination de masse puisse ouvrir les frontières sans quarantaine et restriction aucune. Qu’on s’en réjouisse ou non, c’est apparemment la seule option possible. Alors ouvrons, vaccinons, mais tout ça va prendre du temps.

-Rawai.fr : Pensez-vous que la population locale pourra être vaccinée avant la réouverture et la mise en place de ce programme ?

-Thierry : Sur Phuket seulement, ça devrait le faire, un demi-million de personnes à vacciner à peine, trois mois suffiront. Par contre, si l’on pense à l’échelle du royaume, 70 millions d’habitants, nous en avons pour deux ans au bas mot avant d’en finir.

-Rawai.fr : Comment expliquez-vous le fait que la Thaïlande fut épargnée par le virus, jusqu'à aujourd'hui ?

-Thierry : C’est simple, ils ont tout fermé, la chape de plomb, il est évident que le virus ne pouvait plus circuler quitte à affamer la foule. Une mesure radicale, je ne critique pas, je constate seulement.

-Rawai.fr : Si nos lecteurs veulent vous aider à tenir le coup jusqu'à la prochaine réouverture touristique, comment doivent-ils procéder ?

-Thierry : Je ne saurais que dire, je suis limite clochard aujourd’hui. Je fais encore bonne figure pour que ma fille ne cesse de dire à ses copines encore et toujours : « Mon père, ce héros ! »

Propos recueillis par Christophe Entem, le 18 avril 2021

Arte se distingue haut la main dans le paysage audio-visuel français par la qualité et la diversité de ses programmes. Arte est également la seule chaîne qui couvre encore l'information internationale alors que TF1 et France Télévision ont semble t-il abandonné le journalisme d'investigation en ne diffusant plus que des reportages simplets et convenus sur la résurrection de la pantoufle charentaise pendant le confinement ou le recyclage des chaussettes orphelines... Arte est aujourd'hui, la seule chaîne du paysage audiovisuel français qui rende compte de l'actualité internationale et l'analyse avec pertinence.
En 2020, les audiences d'Arte ont démontré que le pari de la qualité éditoriale était gagnant.
Avec ses nombreux magazines découvertes et voyages, Arte diffuse régulièrement, de nombreux reportages sur les pays du Sud-Est asiatique. Dans "Arte reportage" diffusé le 4 avril dernier, les journalistes mesurent l'impact de la pandémie sur l'économie de Phuket, en compagnie de Thierry Costes, expatrié à Phuket et guide touristique à Siam Evasion.

INTERVIEW DE CAROLINE LALETA BALLINI

Magazine paris-phuket

PARIS PHUKET : LE MAGAZINE DES CULTURES FRANCO-THAÏES

L'équipe de rawai.fr a été séduite dès le premier numéro du PARIS PHUKET et a récemment choisit de diffuser le magazine sur une page du site, afin d'en offrir la lecture à nos internautes. Aussi, pour marquer ce nouvel événement, nous vous présentons une interview de la créatrice et rédactrice en chef du mensuel, Caroline Laleta Ballini, une parisienne exilée à Phuket et amoureuse de Rawai. Caroline nous en dit plus sur son formidable parcours professionnel, elle nous dévoile aussi les contraintes et les joies de ce nouveau challenge dont la réussite se confirme de mois en mois.

CAROLINE LALETA BALLINI, DIRECTRICE DE PUBLICATION

CAROLINE LALETA BALLINI

- Rawai.fr : En quelques mots pouvez-vous nous rappeler les principales étapes de votre parcours professionnel en France et en Thaïlande ?
- Caroline :  J'ai démarré comme assistante de pub pour France Dimanche lorsque j'avais 18 ans, mon Bac en poche et après une année universitaire ennuyeuse en Langues Étrangères. Je suis devenue chef de pub pour Le Figaro et Canal +. Mon père, journaliste, concepteur-rédacteur puis éditeur de livres anciens et de monnaies et médailles par correspondance, avait le rêve de lancer un magazine. J'avais 20 ans, et il m'a proposé de créer un magazine de bandes dessinées, alors que je n'y connaissais pas grand-chose en dehors de Tintin. Nous avons créé ensemble BD Magazine en 1985 et j'ai beaucoup appris avec lui. C'était une bête de travail qui exigeait de moi le même investissement que le sien, total. Nous avons travaillé ensemble plus de 2 ans et j'ai vécu une expérience formidable : arriver seule à Angoulême avec ma maquette sous le bras, pour négocier avec tous les éditeurs de bandes dessinées qu'ils nous fournissent leur contenu tous les mois, dont des pages extraites de leurs albums... Sur 38 éditeurs, j'en ai eu 37. Seul Casterman n'a pas joué le jeu.
C'était un véritable challenge pour moi et même si j'ai encore vendu de la pub par la suite, je savais pertinemment que la vente n'était pas trop mon truc. Trop de scrupules. Le jour où Thérèse Declerck, ma directrice de pub au Figaro quotidien m'a proposé de créer le studio de création de France Soir, qui lançait ses éditions régionales, ça a été la chance de ma vie, surtout de sortir de la vente et de rentrer enfin dans la création. Les 2 chefs de pubs au lancement sont passées à 40 au bout de 3 mois et avec mon assistante, nous réalisions toutes les annonces publicitaires insérées dans le journal. Je rappelle qu'à cette époque, nous étions toujours en traditionnel, sans ordinateur, mais avec simplement des livres de typos, des crayons et beaucoup d'imagination. Chaque jour nous demandions des centaines de lignes de textes, de petits dessins, à des boites de photocomposition et nous devions attendre 24h pour voir le résultat et recevoir nos petits bromures de textes, que nous collions enfin sur les pages de France Soir avec les ouvriers du Livre. Une superbe école néanmoins. Une année d'encarts publicitaires de toutes tailles, soit des centaines d'annonces toujours à faire pour le lendemain.
Après cela, la troisième personne qui m'a donné ma chance fut Thierry Frébourg, dans son groupe de presse musicale : 4 magazines à sortir par mois, nous étions 3 à la maquette. On m'a offert un salaire plus important que celui que j'avais demandé, mais à la seule condition d'apprendre à me servir d'un ordinateur et des logiciels de PAO, en 3 jours et 3 nuits. La découverte de cet outil a été révolutionnaire et une révélation pour moi. Plus besoin d'attendre 24h pour recevoir mes bouts de textes, en 2 secondes je les avais directement. Un gain de temps extraordinaire. Je connaissais les fontes, les corps de texte par cœur et j'avais enfin la possibilité de voir le résultat directement et immédiatement. De surcroit, la presse est un vrai travail d'équipe, un bouillonnement d'idées qui fusent du matin au soir, a fortiori pour 4 magazines de musique avec tous les avantages autour : concerts à gogo, début des CDs, qui pleuvaient dans nos bureaux, bancs d'essai de matos de son à tester… le directeur artistique est parti au bout d'un an, et le boss m'a nommée directrice artistique. Nous avons créé 2 nouveaux magazines : CD Mag et Home Studio : 5 années de rêve total avec un travail qui me passionnait tous les jours. Le groupe a fini par intégrer des investisseurs qui ont mis dehors toute l'équipe d'une façon honteuse…
Gaston, mon ex-directeur artistique venait de créer Infomatin, le quotidien de Rousselet avec Edwy Plenel, premier dans son genre tout en couleur et de petit format. Gaston est parti et m'a laissé la place pour tenir les rênes artistiques du quotidien et la responsabilité de 8 maquettistes, pendant 1 an, jusqu'à la disparition du journal.
J'ai ensuite travaillé dans quelques magazines spécialisés, fait des brochures à droite à gauche et surtout je suis rentrée dans une boite de photocomposition pour travailler la nuit sur les grosses charrettes de l'énorme agence de publicité Ogilvy & Mather. Au bout de 6 mois, ils m'ont dépêché au sein de l'agence de pub à Paris. Puis au bout d'un an, Ogilvy a proposé de m'intégrer comme salarié. J'ai passé 8 ans dans l'agence comme chef de studio et directrice artistique sur des projets d'édition et 6 ans sur le budget IBM Europe et IBM France. Dans le studio nous étions une douzaine, dont 3 salariés. Les autres étaient des créateurs et maquettistes free-lance, tous avec leurs spécialités. Une super équipe dans un super bureau, une bonne ambiance, un échange de connaissances constant, de trucs, de raccourcis clavier et ce pendant 6 ans. Puis le studio a été restructuré et les uns et les autres sont partis vivre leur vie. C'est à ce moment-là que je me suis mise à ne travailler que sur des projets d'édition de A à Z, mais toujours pour le compte de l'agence. Beaucoup de brochures, pour la Fnac, HEC, 9 Telecom, Eurodisney, Paribas, etc. dont je gérais l'intégralité, de la création à l'impression, seule. C'est à cette époque que j'ai commencé à travailler 15 à 18 heures par jour. Mais ma santé à joué de moi. 10 ans de névralgies faciales insoutenables qui m'ont fait quitter la France définitivement pour essayer de trouver un équilibre loin du stress de Paris. Je rappelle que je suis une vraie Parisienne. Je venais déjà depuis mes 18 ans régulièrement en Thaïlande en vacances et j'ai voulu prendre une année sabbatique après un bilan de compétences qui m'a poussé à travailler à mon compte sur un projet personnel.

- Rawai.fr : Pourquoi s'installer à Phuket ? En quelle année ? Pourquoi précisément Rawai ?
- Caroline :  J'ai atterri tout d'abord à Koh Phang Ngan où j'ai vécu avec mon conjoint thaï 3 années sabbatiques géniales et ma grossesse. Mon père est décédé à ce moment-là. Une page était tournée, ce pays me comblait. Ma fille grandissait, s'épanouissait et je me délectais.
Mais les finances ont finalement mis un terme à la trêve et nous avons décidé de nous installer à Phuket pour trouver du travail. Une amie du père de ma fille nous a fait visiter une petite maison à Rawai et nous avons déménagé sur le champ. C'était en décembre 2005. Mais nous ne connaissions personne. De petits boulots en petits boulots, j'ai commencé à écrire dans Gavroche, une page mensuelle sur Phuket. J'ai refait le concept de leur maquette à l'occasion de leur numéro anniversaire des 15 ans, puis j'ai monté mon propre studio de création. J'ai réalisé des tas de brochures et de posters, distribué Gavroche sur l'île, enregistré des livres audio pendant 1 an, tout en continuant ma passion en tant que DJ et tout en faisant des collages (une autre de mes passions). Après j'ai tenté une expérience comme directrice du marketing et directrice artistique au Novotel Phuket Resort, mais les contraintes d'emploi du temps entre ma fille et l'hôtel m'ont ramenée à l'indépendance et continuer à gérer d'autres projets plus personnels

- Rawai.fr : Comment a germé cette idée de créer le magazine PARIS PHUKET ? Quels ont été les soucis majeurs rencontrés au tout début de l'aventure ?
- Caroline :  Un jour, Long, la femme de Denis Rochel de l'Alliance française de Phuket m'a demandé pourquoi je ne créerais pas un magazine à Phuket, puisque j'avais de l'expérience dans ce domaine. Bien sûr, j'en aurai rêvé, mais n'avais aucun budget pour un tel projet. Je savais que je pourrais gérer la création, la direction artistique et la pub au début, mais il fallait quelqu'un pour gérer la rédaction. Après une première association qui n'a pas abouti, j'ai réuni une équipe de 4 personnes, qui sont toujours près de moi en ce moment. Oye (Montri Thipsak) mon compagnon de vie, pour toute la partie du magazine en thaï, Laëtitia Botrel, mon assistante qui m'a accompagné pour tout depuis le début et qui est devenue aussi ma maquettiste, Christophe Chommeloux, mon rédacteur en chef exécutif, basé essentiellement à Nantes, avec qui j'ai travaillé préalablement pendant une dizaine d'années à Paris et qui écrit une partie des textes, corrige, réécrit et habille tous les papiers et donne les “bons à tirer”, et mon ami Régis Roué, chef de rubriques et co-directeur artistique, qui est à mes côtés depuis le début. Nous sommes une table à 5 pieds. Nous avons démarré avec rien, une maquette sous le bras, comme 25 ans auparavant à Angoulême. Laëtitia et moi avons démarché les annonceurs que je connaissais en priorité pour lancer ce magazine gratuit. Nous avons commencé à travailler sur le projet en août 2011, avons sorti le premier numéro du Paris Phuket en décembre 2011 et nous travaillons aujourd'hui sur le numéro 18 du mois de juin 2013. Nous avons reçu de l'aide de différentes personnes depuis le mois de juin 2012, investisseurs et nouveaux collaborateurs, dont mes vendeurs.
Même si il y a eu des moments difficiles, nous sommes tous amis et le parfum du Paris Phuket reflète parfaitement ce petit noyau d'amis que nous sommes. Parfois c'est difficile, car je fais aussi office de directrice des ressources humaines. Depuis un an et demi chacun a eu ses hauts et ses bas, ses crises existentielles, ses doutes, ses cris et ses pleurs. Mais nous sommes toujours là même si nous n'avons toujours pas atteint l'équilibre. Nous avons besoin de plus d'annonceurs pour pouvoir couvrir les frais d'impression, de distribution et de salaires. Si nous voulons pouvoir continuer à produire un tel magazine gratuit tous les mois, il faut qu'il s'autofinance à très court terme. L'investissement personnel des protagonistes depuis des mois, mérite que chacun reçoive maintenant un salaire pour continuer à donner le maximum tous les mois tout en vivant normalement.

paris-phuket staff

- Rawai.fr : À combien d'exemplaires publiez-vous le magazine aujourd'hui et rappelons à nos internautes où ils peuvent se le procurer ?
- Caroline :  Le magazine est imprimé à 5000 exemplaires et ces derniers mois pendant la haute saison à 6000 exemplaires, répartis dans plus de 300 spots à Phuket, plus 500 exemplaires qui partent à Bangkok, une centaine à Pattaya et quelques exemplaires à Chiang Mai, Chiang Rai et Koh Phangan. Nous aimerions en imprimer davantage et étendre encore notre distribution, mais pour cela il nous faut davantage d'annonceurs. On peut toutefois consulter le magazine en ligne sur http://issuu.com/leparisphuket

- Rawai.fr : Déjà plus d'un an depuis la sortie du premier numéro de PARIS PHUKET, on imagine que les rouages de la machine sont bien huilés, une confiance a dû s'installer au sein du groupe rédactionnel avec l'accueil très chaleureux des lecteurs, pourtant les doutes et la pression ne sont-ils pas les mêmes avant chaque bouclage ?
- Caroline :  Le succès du magazine et l'accueil ont été tel que ce projet, peut être un peu trop ambitieux pour Phuket, nous a donné la fureur de vaincre. Le magazine regorge des coups de cœur de chacun que je mixe pour en faire un tout. Des jours sans fin et des nuits blanches, des angoisses de ne pas y arriver, de longs mois sans être payés, mais toujours cette volonté de continuer pour offrir un produit de qualité. De nouvelles idées, de nombreux sujets qui nous sont proposés, et tous les mois ce challenge de 4 petites semaines pour tout faire et la course pour trouver les fonds nécessaires.

CAROLINE LALETA BALLINI PARIS-PHUKET

- Rawai.fr : À l'exemple de nombreux websites sur la Thaïlande, ne craignez vous pas, au fil du temps, de finir par manquer de sujets et tomber dans une certaine routine ?
- Caroline :  Ce ne sont pas les sujets qui manquent. Jusqu'à présent le contenu n'a jamais posé de problèmes. Beaucoup de personnes extérieures participent au projet du Paris Phuket et proposent des sujets et beaucoup de photos. Et comment pourrait-on résumer le royaume du Siam en 1 an et demi. Il y a des tonnes de sujets à traiter sur la Thaïlande, l'Asie du Sud-Est et nos contrées francophones. Le temps pour réaliser le magazine est plus un problème, car nous devons également gérer la publicité sans quoi nous ne pourrions continuer. De plus, de nombreuses rubriques, comme la mode, l'agenda, la vie à Phuket, l'économie, la high-tech, le cinéma ou la musique suivent une actualité qui se renouvelle constamment.

- Rawai.fr : Publier le magazine sur ISSU est certes bien apprécié des lecteurs qui ne sont pas en Thaïlande mais quand trouvera-t-on le propre site du PARIS PHUKET sur la toile ?
- Caroline : Pour cela il faut concevoir le site et l'alimenter tous les jours, et c'est un gros travail si l'on veut qu'il soit vivant et non un copié-collé de la version papier. Nous n'avons pas le temps de nous y consacrer pour le moment. Les semaines passent très très vite et le magazine papier demande une énorme charge de travail. Nous avions entrepris le début du site avec un amoureux du Paris Phuket, mais de sérieux ennuis de santé l'ont contraint à interrompre le projet récemment. Donc nous en sommes au point mort. Pour l'instant nos lecteurs se contentent de notre page Facebook, qui fait office de blog : http://facebook.com/leparisphuket

- Rawai.fr : Pourquoi ne pas envisager la rédaction d'une version en anglais ?
- Caroline :  Tous les amoureux du Paris Phuket qui ne sont pas francophones nous demandent une version anglaise. Mais il faut une équipe plus importante pour arriver à gérer de concert les 3 langues (français, thaï et anglais) et tenir les délais. Avec notre petite équipe, c'est impossible dans l'immédiat. Nous arrivons tant bien que mal à assurer la sortie du numéro tous les mois et vous le voyez, la pagination n'a pas bougé depuis le premier numéro. Mais nous y pensons...

- Rawai.fr : Votre meilleur souvenir depuis le début de cette aventure ? Le pire ?
- Caroline : Le meilleur : la création du numéro 1, où l'on part de rien et les idées et les coups de cœur de chacun de nous, que j'ai traduits graphiquement. Le calage du premier numéro chez l'imprimeur et le jour où nous avons reçu le premier numéro imprimé. Depuis, les éloges de tout le monde depuis un an et demi restent des souvenirs inoubliables qui nous poussent tous les mois à continuer, mais je garde aussi de très bons souvenirs des coups de gueule de chacun.
Le pire : les angoisses de la comptabilité et de la facturation. Il y a quelques mois, cette partie commençait à représenter 70% de mon emploi du temps, de la facturation au recouvrement de créances, de la compta à la distribution, tout l'administratif à gérer et les centaines d'e-mails à traiter tous les jours. Aujourd'hui, j'arrive à avoir un peu plus d'équilibre entre toutes ces tâches administratives et la partie créative : choix des sujets, recherche des photos et mise en page… Le jour, c'est la partie administrative et la nuit je me détends en faisant des pages. La dernière semaine avant le bouclage, là je ne fais plus d'administration du tout, trop de données s'amoncellent au dernier moment et je dois rester concentrée sur les pages, leurs contenus et les corrections.

- Rawai.fr : Comment réagissez-vous face à cette vague de snobisme qui consiste à dénigrer l'île en évoquant un développement immobilier à outrance qui a défiguré ses paysages et un changement de comportement des habitants vis à vis des touristes et des expatriés ?
- Caroline :  Et oui c'est le revers de la médaille. Pourquoi autant de projets immobiliers ? C'est bien qu'il y a une demande croissante chaque année. L'idée de nous installer à Phuket nous a tous séduits à une époque différente et pour diverses raisons, mais malgré tout, nous ne sommes pas seuls à vouloir en profiter. C'est de bonne guerre. C'est vrai que le paysage à changé, le comportement des habitants, non, je ne trouve pas. Mais pour tous ceux qui se plaignent et passent leur temps à dénigrer leurs voisins et leurs conditions de vie et patati et patata, je leur conseille vivement de rentrer chez eux et d'aller voir où on y vit le mieux. Personnellement, je suis très heureuse d'être ici. Bien sûr ce n'est pas l'île déserte paradisiaque, telle que j'ai découvert la Thaïlande il y a 28 ans, mais je trouve que c'est un bon compromis justement entre Paris et l'île déserte. Il fait beau toute l'année, les gens sourient et ça change tout. Ma fille a la chance de parler 3 langues, de vivre tout le temps dehors et cela n'a pas de prix lorsque l'on vient de Paris.

- Rawai.fr : Quels sont les endroits dans toute cette magnifique région qui vous impressionnent le plus ?
- Caroline :  Je connais plus le Sud du pays que le Nord, mais je continue d'adorer la côte est de la Thaïlande, sur le golfe, pour ses îles et ses plages bordées de cocotiers. Autour de Phuket, mon coup de cœur va à au lac Cheowlan, dans le parc national de Khao Sok, qui offrent des paysages à couper le souffle, tels ceux de la baie de Phang Nga, mais avec de l'eau douce et sans les hordes de touristes envahissant les sites quotidiennement. Les conditions de séjour dans des bungalows flottants à 2 heures de route de Phuket réveillent en nous cette âme d'aventurier qui nous a fait traverser la moitié du monde. Dépaysement total.

- Rawai.fr : En exclusivité pour rawai.fr, pourriez-vous nous dévoiler quelques sujets du prochain numéro de PARIS PHUKET ?
- Caroline :  Outre nos rubriques fixes, nous abordons un sujet sur les trains et comment circuler gratuitement dans tout le pays, présentons pour ceux qui ne les connaissent pas les HHH et décortiquons les enseignes thaïlandaises et leur emprunt à la langue de Molière…

- Rawai.fr : Merci à vous Caroline de nous avoir accordé un peu de votre temps et bravo à tous vos collaborateurs pour nous faire découvrir un peu plus chaque mois, une Thaïlande authentique et toujours aussi surprenante.
- Caroline : Merci Christophe, vous faîtes partie des premières personnes que j'ai rencontrées à Phuket il y a 7 ans. Et je suis très honorée aujourd'hui d'être publiée sur votre site rawai.fr. Longue vie à nous deux !


Aujourd'hui, l'ex-rédactrice du magazine Paris Phuket, Caroline Laleta Ballini, est directrice du magazine Latitudes.

JOHN "FES" CANNADY : MILITAIRE À KORAT EN 1967

JOHN FES CANNADY
John Cannady a servi comme technicien à la base américaine de Korat pendant la guerre du Vietnam. En repérant quelques-unes de ses photographies sur la toile, nous l'avons contacté et proposé une interview. John a accepté de répondre à nos questions. Nous publions également ses photos réalisées en 1967 à Korat.
En quête de voyages et de nouvelles expériences, le jeune John Cannady choisit de s'engager dans l'armée américaine en 1965. Il devient spécialiste de l'armement sur les avions F-105 de la base aérienne de Korat, en Thaïlande. Malgré sa jeunesse et son innocence, son rôle est loin d'être anodin, durant cette tragique période de l'histoire, puisque sa mission consistait à entretenir l'armement et équiper les avions de la base.

En 1966, le conflit est loin d'être à son paroxysme et John profite de son temps libre pour photographier la ville de Korat et ses habitants. Il apprécie la douceur et le contact chaleureux des Thaïlandais.
Aujourd'hui, John a regroupé toutes ses archives sur son site personnel : Voir le site de John Cannady

ENTRETIEN AVEC JOHN "FES" CANNADY, le 02 février 2012

John cannady Photographe en 1966 en Thailande
- RAWAI.FR : John, sachez tout d'abord que c'est un grand honneur pour nous de vous inviter dans notre rubrique photographique et que nous espérons envoyer de nombreux visiteurs vers votre site fescanphoto.com, voudriez vous, John, nous préciser quelle est actuellement votre situation civile ?

- JOHN CANNADY : Je suis divorcé mais je vis maritalement depuis vingt ans avec une femme formidable originaire de Can Tho, Vietnam du sud.

- RAWAI.FR : Pourriez vous  nous en dire plus sur votre parcours scolaire et votre carrière professionnelle ?

- JOHN CANNADY : Je suis  diplômé du lycée. Cependant, j'ai suivi une formation technique sur la gestion de réseau d'ordinateur et le développement de logiciels. Je me suis porté volontaire pour l'Armée de l'air. Quand j'ai rejoins l'Armée de l'air, j'ai demandé un poste dans les services audiovisuels. Mais le conseiller m'a dit qu'ils avaient davantage besoin de  mécaniciens et mes résultats aux tests mécaniques étant satisfaisants, je suis donc entré à la formation d'entretien et management des armes. Ma première mission a été de charger des bombes atomiques sur l'avion B-58.

- RAWAI.FR : Quel était votre rôle à US Air Force ?

- JOHN CANNADY : Après cette formation, je suis devenu spécialiste en maintenance de l'armement. Nous avons été transféré au Japon pour travailler sur le F-105 puis sommes allés en Thaïlande à Korat. Je suis resté à Korat pendant un an de 1966 à 1967 mais Je n'ai jamais été au Vietnam, à cette période.

- RAWAI.FR : Durant la période de conflit, quel était votre état d'esprit ?

- JOHN CANNADY : En réalité, sans les médias, je n'aurais jamais su qu'il y avait une guerre. Je n'ai jamais vu des conséquences ou entendu parler des missions effectuées. pendant mes services je n'ai jamais vu une explosion, une goutte de sang. Je n'ai jamais entendu un coup de fusil pendant les quatre années passées dans l'Armée de l'air. Je n'avais pas d'états d'âme particuliers, n'étant au courant de rien... Charger les bombes sur les zincs était juste un travail à mes yeux, rien de plus. Dans l'armée, moins vous posez de questions, mieux vous vous portez. On ne nous a jamais dit à quoi étaient destinées ces bombes, c'était, de toutes façons, confidentiel. Et moi une fois mon job terminé, je partais en ville m'amuser.

- RAWAI.FR : Quelle était votre mission la plus significative ?

- JOHN CANNADY : Comme je vous l'ai dit je n'avais aucune idée sur les conséquences des missions. Je n'ai pas posé de questions et je n'ai jamais parlé d'aucune mission. J'arrivais au travail à l'heure, faisais ce que l'on me disait et retournais épuisé aux baraquements. Je nettoyais, déjeunais, dormais et retournais au boulot. Quand j'avais congé je partais en vadrouille faire des images.
SPECIALISTE DE L ARMEMENT SUR F105

- RAWAI.FR : Comment êtes vous devenu photographe ? L'étiez vous avant cette période spécifique de votre vie ?

- JOHN CANNADY : Je ne suis pas un photographe. J'aime juste prendre des images. J'aime particulièrement prendre les photos des gens et de leur quotidien. À mon sens, la définition d'une vie est ce que  les gens font de leur temps. Quand je prends une image de quelqu'un faisant quelque chose alors que j'ai une fraction de seconde de leur vie préservée.

- RAWAI.FR : Vous avez appris le thaï ... Vous deviez être très proche des gens, vos meilleurs souvenirs ?

- JOHN CANNADY : Je ne peux pas mettre mes mémoires par écrit mais elles sont profondément ancrées en moi...  Je savais que j'allais être là pour au moins une année. J'ai pris la décision depuis le premier jour, d' apprendre à parler assez thaï pour communiquer. Étant un jeune homme de 19 ans, mon cerveau était rapide avec un espace vide suffisant pour y stocker de nouvelles données. L'étude de la langue thaï était ma façon de tisser des liens auprès des gens, d'être reconnu. J'avais la réputation d'être poli et de ne pas être vulgaire, je crois que cela m'a aidé à développer la confiance et le respect. Deux anecdotes me reviennent : Un homme thaï employé sur la base savait que je me rendait pour quelques temps au Japon, il m'avait donné de l'argent pour lui acheter une radio. Je lui avais demandé pourquoi il avait confiance. Il m'avait alors répondu que si j'avais été Thaï, il n'aurait jamais agit de la sorte mais étant Américain il m'accordait toute sa confiance... Je m'étais senti bien. La seconde histoire concerne un gradé. Un sergent plutôt autoritaire et austère auquel j'avais demandé de me prêter une certaine somme d'argent jusqu'à la prochaine paie. Comme il acceptait sans sourciller, je m'apprêtais à lui faire une reconnaissance de dettes, il me répondu sèchement que cela n'était pas indispensable et que  la confiance et l'indépendance étaient le fer de lance de toutes les civilisations.

- RAWAI.FR : Êtes vous revenu en "pèlerinage"en Asie du Sud-Est ? en vacances ? Avez vous gardez des relations en Thaïlande?

- JOHN CANNADY : Je ne suis jamais retourné en Thaïlande. J'ai été au Sud Vietnam quatre fois pour visiter la famille de ma compagne et des amis. Je reste vraiment en contact avec Tom Mitchell. Il est dans le film sur mon DVD. Je suis de la Caroline du Nord et Tom est de la Caroline du Sud.

- RAWAI.FR : Où vivez-vous aujourd'hui ? Quelle est votre occupation principale ?

- JOHN CANNADY : Je suis à la retraite et habite à Aurora, près de Denver, Colorado.

(MERCI à John "Fes" Cannady pour sa disponibilité et sa gentillesse et Frédéric Perrochon pour les traductions.)

QUELQUES PHOTOS DE JOHN CANNADY DE 1965 À 1967

John cannady Photographe en 1966 en Thailande
John cannady Photographe en 1966 en Thailande
John cannady Photographe en 1966 en Thailande
John cannady Photographe en 1966 en Thailande
John cannady Photographe en 1966 en Thailande
John cannady Photographe en 1966 en Thailande
John cannady Photographe en 1966 en Thailande
John cannady Photographe en 1966 en Thailande
John cannady Photographe en 1966 en Thailande
John cannady Photographe en 1966 en Thailande
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